Alelier d'écriture

Etoile orange Jeux de mots 31 janvier

Consignes : dix mots dont la définition est inconnue, inventer une définition et les placer dans un texte : barigoule, caque, finette, drêche, gymnote, diacritique, frette, hémione, écubier, ergotant.

Barigoule : du verbe barigouler : sons émis par une basse cour à l’approche d’un danger.
Caque : cri de l’oie à la recherche d’un partenaire.
Finette ; petite bouteille remplie de gnôle destinée à ragaillardir quelqu’un qui défaille, expression : prends donc une lampée de finette.
Drêche : situation désespérée, être dans la drêche.
Gymnote : petit oiseau des campagnes bretonnes nichant dans les haies des fermes par opportunisme, gymnote habile.
Diacritique : se dit de quelque chose de doublement problématique.
Frette : transporter son frette avec soi : son garde-manger sa nourriture, par extension être prévoyant.
Hémione : rapace nocturne de grande envergure redouté pour ses attaques sanglantes et impitoyables.
Écubier : compter ses écus, forme imagée de faire le bilan financier.
Ergotant : attaque inopinée d’un coq tous ergots dehors pour défendre ses poules.

Gros René avait entendu du bruit dans la cour, la nuit était dense et il ne voulait surtout pas réveiller la mère. Il se leva sans bruits, enfila sa côte et sa veste de travail, sauta dans ses bottes et prit par précaution son « Zippo » pour s’éclairer. Il sortit soulevant légèrement la lourde porte en bois pour que les gonds ne chantent pas. La ferme était plus que modeste : un sol en terre battue, un évier avec l’eau froide, une armoire pour chacun, un lit posé sur des cales de bois et au centre du pignon la grande cheminée où des braises rougeoyaient encore malgré l’heure avancée. René était vieux gars, il vivait avec Marie sa mère dont le certificat d’études trônait au-dessus du lit, lui l’avait loupé le « certif ».
L’exploitation était dans la drêche, avec le cours du lait, les taxes de l’Europe et les coups de main des voisins de plus en plus rares leur situation devenait diacritique ; son âge bien sûr, pas de descendance et l’étable qu’il avait fallu cimenter pour rester dans les normes de production. Tout ça pour ses six petites vaches bretonnes têtues mais vigoureuses.
René avançait tranquillement, il ne voyait rien, il distinguait juste la haie bordant le poulailler. Un remue-ménage inhabituel l’intriguait ; sans doute quelque gymnote habile s’agaçant de la pluie, la peur montait, la main fourrée dans la poche de sa veste de travail, il trouva une finette ! Une belle lampée derrière le gosier ; voilà ce qui allait lui donner du cœur à l’ouvrage ! René n’était pas homme à se laisser surprendre ; l’autre poche ? Pleine de frette ! Un quignon de pain et un bout de lard, on ne sait jamais !
Il approchait de la basse-cour endormie ; c’était son trésor : pintades dodues, oies grassouillettes, une quinzaine de poulets qu’il venait de passer au grain pour les vendre au marché de fin novembre sans compter les œufs des poules ; trois douzaines la semaine à dix francs la douzaine : ça rapportait plus que le lait ma foi ! René écubiait ! il n’avait peut-être pas le « certif » mais savait compter ! Cette basse-cour, il la choyait, la vénérait ! Quoi de plus beau que ses volailles barigoulant le matin à l’approche du gros chat noir du voisin ! Et l’oie qui caque !
Avez-vous déjà entendu une oie caquer ? Promesse de beaux œufs à couver et peut-être pour Noël des oisons à céder ?
René à la lueur de son « Zippo » se rassurait, tout était calme, il souriait à son trésor !
Soudain une aile frôla sa tête puis un déplacement d’air puissant, c’était un énorme oiseau qui s’abattait sur lui et ses protégées. René reconnut l’hémione tant redoutée, tous ergots dehors, un cri glaçant déchirait la nuit. L’hémione satanique emportait dans ses griffes son beau coq somptueux qui ergotait tout ce qu’il pouvait. Puis un coup sec, l’oiseau de proie venait de lui briser le cou.

Image cul de lampe
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